Ceci n'est pas un blog de recettes de cuisine.

Ceci est un blog parlant de (nombreuses) rencontres amoureuses et des divers (et nombreux eux-aussi) états d'âmes qui y sont liés.

Comment un plat de pâtes et une recette traditionnelle italienne peuvent avoir un rapport avec ma vie amoureuse (et sexuelle) ? Et pourtant, non seulement cela a un rapport mais en plus c’est représentatif, vous allez comprendre… au fur et à mesure des récits et des états d'âmes.

vendredi 20 juillet 2012

France : 3 (au foot) - Brésil : 3 (en rencontres) = égalité ?


Un jour quelqu’un m’a dit que toutes les belles histoires commençaient par « il était une fois… » et aujourd'hui, j'ai besoin d'une belle histoire. Alors : il était une fois… il y a bien longtemps...

Le frère d’une amie. 
Valentina et moi étions toutes les deux étudiantes d’échange dans un petit lycée des Etats-Unis. Le "fameux" bal de fin d’année approchait et aucune de nous n’avait de partenaire pour nous y accompagner et nous cherchions toute les deux à aider l’autre en à trouver un… Et tout a commencé lorsque Elisabeth, une amie américaine et moi-même avons vu la photo du frère de Valentina accrochée à l’intérieur de son casier à l’école.
«  Comment s’appelle ton frère ? » 
«  Wilhem... R... F... L... » dit V avec son accent brésilien
Tout ce que comprit Elisabeth, en bonne américaine, fut « Wilhem... take off your pants » (littéralement : enlève ton pantalon). Et puis autant dire les choses clairement : quoi de mieux qu’un surnom pareil pour attiser la curiosité ?

Moi cherchant désespérément un garçon pour m’accompagner à ce bal (où mon ex-petit ami irait lui avec une autre) mais sachant très bien que mes chances de mettre la main sur ce que je désirais avait peu de chances d’aboutir et lui, à l’autre bout de la planète qui n’était bien sûr pas au courant du nouveau surnom qui allait le poursuivre pendant de nombreuses années…

Et il était donc une fois un email un peu culotté (le premier d’une longue série suis-je obligée d’avouer !) que je lui ai envoyé pour savoir s’il souhaitait m’accompagner à ce fameux bal. La réponse fut bien évidemment non, mais le contact était pris.

Quand quelques semaines plus tard, une fois rentrée en France (et que lui effectuait un stage en Allemagne), il m’a envoyé un email pour me demander si je souhaitais toujours le rencontrer (alors que la France venait de battre le Brésil à la Coupe du Monde de foot), je ne pensais pas qu’une histoire de plus de 10 ans allait commencer.

Ce fut une rencontre très particulière, un de ces week-end dont on se souvient toute sa vie. Un week-end hors temps, une rencontre avec quelqu’un qu’on a l’impression de connaître depuis toujours. Une personne qui en une seconde, alors qu’il ne connaît personne ici, ne connaît pas le pays ni même la langue, s’intègre tout de suite dans ma réalité, à mes amis, à ma famille. Une personne dont, plus de dix ans après tout le monde se souvient encore et continue de parler.
Un week-end festif pendant lequel on apprend à se connaître, pendant lequel il a découvert que je n’étais pas la folle délurée qu’il attendait (ces fameux emails culottés n’ont pas que des avantages !) mais bien une personne qu’il semblait apprécier, avec qui le courant passait facilement, même quand je tentais de lui expliquer, que, oui, les français tâtent les camemberts dans les supermarchés avant de les acheter ou encore quand après 3 jours il me demanda « quelque chose qu’il n’avait pas encore vu chez moi : de l’eau » !

Une rencontre rare et intense, une complicité, un week-end où on finit par avoir mal aux zygomatiques tellement on sourit… et puis une séparation sur un quai de gare à la fin du week-end.
Une séparation qui aurait dû être anodine comme celle de deux personnes qui ne se connaissent que depuis quelques jours, de deux amis en devenir mais qui ne seront pas amenés à se revoir. Et qui finalement prend plutôt des airs de scène déchirante dans un film hollywoodien, où si le train avait laissé des volutes de vapeur sur le quai, et si la scène avait été filmée en sépia, on aurait pas été surpris !
Une scène où j’ai alors l’envie irrépressible de me pencher vers lui pour l’embrasser mais où la réalité, les convenances, ma timidité (si, si, je vous assure!), la peur du rejet ou peut-être celle de souffrir me retiennent.
Je ne le savais pas encore mais cette retenue allait devenir mon seul et unique regret de ma vie d’adulte. Comme une charge à porter sur mes épaules : et si j’avais…, et j’aurais dû…, et maintenant j’en serais où… 

Le temps passe et il déménage aux Etats-Unis, m’enlevant une chance immédiate de remédier à mon manque de courage. Mais les échanges d’emails continuent et nous découvrons tous les deux que l’amitié n’est pas la seule chose qui s’est créée pendant ce week-end, que ce que j’avais réprimé sur le quai de la gare, il l’avait lui aussi ressenti.
Nous nous fixons alors RDV à heures fixes sur MSN pour pouvoir nous croiser et "parler", et n’ayant pas d’ordinateur, je dois me rendre dans mon école pour pouvoir le "retrouver".
Je fais la queue des heures à l’avance afin d’être sûre de ne pas le manquer.

Et puis au milieu des échanges de banalités, des mots doux en portugais à la fin des messages, un pacte naît assez rapidement : nous sommes "ensemble", sauf si l’un d’entre nous rencontre quelqu’un, et nous nous retrouverons à Vienne au printemps pour un nouveau week-end hors temps, un week-end juste pour nous.

Une belle histoire n’étant jamais simple, ce qui devait arriver arriva : j’ai rencontré quelqu’un, je suis tombée amoureuse. Un grand amour, un de ceux qu’on ne vit qu’une ou deux fois dans sa vie. Un amour tellement grand que notre rencontre bucolique et irréaliste ne pouvait pas y résister.

Je me souviens du RDV sur MSN ce jour-là, de la conversation qui a commencé sur le même ton que d’habitude, je me souviens encore où j’étais assise dans la salle informatique, de la fenêtre avec la pluie qui tombait dehors, du vieil ordinateur et du moment où j’ai du dévoiler mon terrible secret.
Je me souviens aussi de la détresse, de la déception, de la rage que j’ai ressentie à travers l'ordinateur et pour lui, pourtant à plusieurs milliers de kilomètres. J’ai oublié les mots méchants qu’il a eu car je les ai compris même si je les ai probablement sous-estimé. Je les ai oublié car notre amitié, la base de tout, allait finalement effacer ses mots durs car nous avons tous les deux pardonné.

Tellement pardonné que le week-end romantique à Vienne s’est transformé en week-end amical chez moi, pendant lequel il a même rencontré celui qui m’avait volé à lui. Tellement pardonné que nous sommes restés en contact pendant très longtemps sans nous revoir. Notre amitié nous a permis de rester en contact, de parler de tout ou presque, une certaine pudeur voilant cependant les conversations portant sur nos relations de cœur.

De nombreuses années après notre deuxième rencontre, j’ai repris contact avec lui pour lui annoncer fièrement une visite au Brésil ! Le score de visites était en effet de France : 2, Brésil : 0, j’avais donc du retard à rattraper ! Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’il n’habitait pas au Brésil (et que je n’allais donc pas pouvoir le voir), mais en Allemagne (et donc à un simple saut de lowcost de chez moi).

Cet homme que je gardais en souvenir comme ma plus belle rencontre mais aussi comme mon seul, unique et amer regret, cet homme sur lequel je fantasmais depuis si longtemps et que je pensais hors de portée de par la distance (entres autres), il était finalement presque accessible. Quel ne fut pas ma surprise et mon engouement presque immédiat (oui, j'avoue!).

Une deuxième rencontre devait être suivie par une troisième et un premier email culotté fut donc suivi d’un deuxième culotté (les suivant vinrent par la suite). Bizarrement, je ne me souviens plus du contenu de cet email, qui devait pourtant être très explicite (là-dessus, je me fais assez confiance!). Je me souviens en revanche très bien de la réponse et de mon choc à la lecture de ces mots "girlfriend"  "engaged". Il était donc fiancé !

En soit, pas de grosse surprise, ce n’était bien sûr pas parce que ma vie sentimentale avait été un échec depuis notre dernière rencontre que la sienne devait suivre le même chemin. Et ce n’est pas parce que nous habitions sur le même continent qu’il devait forcément attendre que je reprenne contact avec lui pour que nous puissions de nouveau construire des projets d’adolescents romantiques et (un peu) attardés. Mais cet email-là a été comme une claque, je pouvais finalement commencer à comprendre ce qu’il avait ressenti quelques années auparavant. Et ça faisait mal !

L’amitié a de nouveau pris le dessus… Pas de rencontre au Brésil, ni en France, ni en Allemagne mais un contact remis au goût du jour et une amitié à distance qui se poursuivit.

Deux ans plus tard, j'ai donc, presque naturellement, reçu un email de Wilhem annonçant une visite en France (score de 3-0 pour le Brésil, comme quoi il y a une justice en dehors du foot !). Il avait un rendez-vous de travail dans un village qui m’était complètement inconnu (et qui finalement s’est avéré être dans les Alpes !) mais voulait savoir si j’étais disponible pour que nous puissions nous voir à Marseille le week-end suivant.
La chance joue parfois en notre faveur car d’un week-end où je devais être absente, puis où ma mère et mon frère devaient tous les deux être là pendant tout le week-end, j’étais finalement là, sans mon frère et avec ma mère (et seulement jusqu’au samedi soir).

Je suis allée au RDV déterminée à faire passer notre amitié avant tout. A rester "sage" coûte que coûte et à respecter à la fois la relation dans laquelle il était engagé et notre amitié qui avait été maintenue pendant toutes ses années au gré de la distance et des cœurs brisés. Je me souviens clairement avoir volontairement choisi une tenue qui n’était pas provocatrice et m’être regardé dans le miroir pour me "faire la morale" : « Ne fais pas n’importe quoi, il t’a clairement dit qu’il était avec quelqu’un (d’autre) et qu’il n’était pas intéressé ».

Nous nous sommes retrouvés sur le vieux port de Marseille par une belle après-midi de début d’été (ce moment marque d’ailleurs probablement le début de mon intérêt pour cette ville !). Lui qui n’avait pas changé d’un poil, qui avait toujours son sourire radieux et sa gentillesse inouïe dans les yeux, moi contente de retrouver un ami de longue date, et ma mère qui ne comprenait pas bien l’anglais et pour qui je faisais donc la traduction simultanée.

Et puis il y a eu ce moment, qui après l’ambiance film romantique des années 40 sur le quai de la gare dix ans plus tot, était lui digne des dessins animés de Tex Avery.
D’une conversation anodine sur le fait que je cherchais un compagnon de voyage pour partir en vacances à Dubrovnik, une autre a commencé sur les voyages et Wilhem d’annoncer l’air de rien :
« I had that list of all the romantic destinations I wanted to visit while I am in Europe but now I that I am not engaged anymore, … »
Et là, ma langue et ma mâchoire de tomber sur la table puis de se dérouler à vitesse grand V par terre… Quoi ? La semaine dernière je t’ai proposé de te loger, avec ta fiancée, mais tu n’as rien dit…
Il y a probablement eu quelques secondes de blanc dans ma traduction à ma mère à ce moment précis. Rembobiner une langue, ca prend du temps finalement !

La conversation a repris son cours, l’apéritif a été suivi d’un dîner et d’un voyage à la gare où ma mère repartait en train de nuit. Une fois ma mère dans son wagon, et que nous nous sommes tous les deux retrouvés sur le quai de la gare comme 11 ans auparavant, l’ironie de la situation m’est apparue et mon envie vielle de plus d’une décennie m’est revenue.
Mais de la retenue, j’ai en eu à ce moment-là. Mais celle-ci n’était pas motivée par la peur ou les conventions, elle était motivée par la confiance, par la sensation que j’allais de toutes façons ce soir-là pouvoir prendre une revanche sur mon histoire personnelle (et peut-être aussi par le manque de glamour de la Gare Saint Charles, mais ça, c’est une autre histoire !).

J’étais confiante, rien n’aurait pu m’ébranler ou même me toucher. Quand il a fallu conduire dans Marseille, dans un quartier que je ne connaissais pas, je l’ai fait sans problème. Quand il a fallu se garer, chercher un endroit pour aller boire un verre, tout s’est goupillé sans qu’aucune question ne se pose. Quand il a fallu trouver un taxi dans une rue déserte un samedi soir à 23h, il en est apparu un comme de par magie !

Et pendant ce moment de grande aisance et de certitude, la conversation a suivi son cours et a lentement dérivé vers des sphères plus personnelles, ayant plus de rapport avec notre propre vécu.
Lui expliquant que c’était incroyable de se retrouver 10 ans après notre première rencontre et de parler avec lui comme si on s’était quitté hier, il a failli me couper les jambes quand il m’a dit : « Oh yes, you feel like this ? »
J’ai eu un moment de doute (finalement !) en me disant qu’une fois de plus je m’étais probablement emportée et ai tenté un petit : « yes, not you ? »
Quand il m’a simplement regardé, sans s’arrêter de marcher en me disant « no, last time we met, you were a girl, now you are a beautifull woman », mes jambes ont vraiment failli ne pas pouvoir me porter plus loin.

Et puis une fois dans le taxi, il m’a achevé, alors que nous parlions de  mon voyage au Brésil :
« - Tu as dû beaucoup te faire draguer quand tu étais au Brésil…
-       Je ne me fais jamais draguer et pas plus au Brésil malheureusement. Mais j’étais avec mon père et mon frère, alors ça n’a peut-être pas aidé…
-       Je n’arrive pas à te croire, je ne sais pas comment ça peut être vrai. Regarde-moi, si je ne me retenais pas là…
-       Ne te retiens pas alors ! »
Il s’est exécuté et s’en est suivi un long baiser doux, langoureux, comme on en rêve, comme j’en avais rêvé pendant toutes ces années. Un baiser presque honteux sur la banquette arrière du taxi, comme si le fait de braver cet interdit ne faisait que rajouter du plaisir.

Et puis le vieux port encore et d’autres baisers avec là l’impression d’avoir 15 ans en s’embrassant pendant de très longues minutes dans la semi-obscurité, n’ayant que faire du regard des passants. Et je me suis abreuvée de ce sentiment d’interdit qui donnait encore plus de valeur à ce baiser que j’attendais depuis plus d’une décennie et qui m’avait souvent hanté. Le présent me permettait finalement d’avoir ma revanche sur le passé. Me confortant dans mes croyances concernant le destin, m’apprenant pour le futur que la patience est une vertue (que j'ai tout de même toujours du mal à mettre en pratique) !

Le week-end fut bien sûr trop court mais parfait ! Me laissant apprécier à quel point il est agréable de se voir dans les yeux de quelqu’un qui vous désire et n’a pas peur de le montrer. A quel point aussi il est agréable de profiter des choses simples, sans se poser de questions.

Au moment de se quitter après cette parenthèse dans ma réalité, je lui ai finalement raconté, après toutes ces années quel était son surnom. Que cela ait pu rester secret pendant toutes ces années reste encore un mystère !
Et le petit plaisir, après lui avoir raconté l’histoire de lui dire : « Wilhem... R... F... L... Take-Off-Your-Pants, I did take off your pants ! » (je te l'ai enlevé ton pantalon!). 

Mais l'histoire ne se termine pas là...

Mais vous aussi, vous devrez utiliser cette qualité qui me fait tant défaut pour lire la suite : patience...

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