Très longtemps.
Trop longtemps.
Quand on est seul(e) pendant
aussi longtemps que ça (je tairais le nombre d’année pour éviter les regards
d’étonnement, de dégout et/ou de pitié), ça affecte forcément. Et sur de
nombreux plans.
Par exemple, au bout d’un moment,
on oublie comment les corps fonctionnent. On a plus aucune idée de ce qu’on
ressent quand on en touche un qui n’est pas le notre. On ne se souvient plus
non plus de ce qu’on éprouve quand on nous touche.
Heureusement, notre libido
s’envole au bout d’un moment et nous laisse tranquille. Mais quand on reprend
finalement une activité « physique », on est littéralement à fleur de
peau et il faut parfois refaire toute une éducation (on pourrait avoir
l’impression que c’est comme le vélo et que ça ne s’oublie pas, mais certaines
choses qui sont plus sensibles qu’un guidon, même si la forme pourrait nous
pousser à nous méprendre).
Quand la libido nous rattrape (il
ne faut pas rêver, elle était partie en vacances, pas à la retraite), ça
devient plus compliqué à gérer. Il arrive un moment où on a tellement besoin de
douceur, de sensualité, de se sentir aimé, de sentir une peau contre la sienne (ou
tout simplement de prendre son pied), qu’on remet les choses en perspective.
On a beau être à la base une
romantique pure et dure, les années de célibat nous amènent parfois à revoir
notre copie et à envisager (ou à mettre directement en pratique) un petit PC.
Et si on ne le crie pas toujours
sur tous les toits, quand on a le malheur d’en parler, cette
« experience » est souvent reçue avec incompréhension (au mieux) ou avec
jugement (au pire). Quelle célibataire n’a pas entendu un petit « Oh, je
ne sais pas comment tu fais, moi sans sentiment, je ne peux pas ! » de la
part d’une amie (heureuse) en couple ?
Alors même si on ne regrette pas, on a clairement du mal à se faire
comprendre.
Et puis si le ciel vous blesse un
jour d’une relation qui fonctionne plus de 3 jours d’affilée, on réalise tous
les jours qu’on a perdu le mode d’emploi. Si, si, vous savez, celui sur lequel
il y avait noté « Comment bien se conduire pour être amoureux, être aimé
et faire en sorte que les choses fonctionnent au lieu de faire n’importe quoi ».
Il était pourtant bien noté au dos : « Ne pas perdre, un seul
exemplaire par personne sera distribué. Passé un certain temps, ce message
s’auto-détruira ».
Et alors là, sans le mode
d’emploi, on est perdu.
Ca vous viendrait à l’idée à vous
de confier une mission impossible à Tom cruise sans la petite cassette du début
avec les explications des tenants et aboutissants de la mission et sans son
équipe de choc ? Ben non ! Déjà que dans ce cas on est tout seul,
mais en plus, sans la cassette, et bien ça porte bien son nom : c’est
MISSION IMPOSSIBLE !
On essaye de se raccrocher aux
branches. La première c’est souvent les souvenirs de nos relations passées.
Mais :
1)
Si elles sont passées, c’est qu’elles n’ont pas
si bien fonctionné que ça ;
2) A l’époque, on avait pas vraiment le même âge
que maintenant. On était belle, sans ride, sans envie évidente de construire
quelquechose sur la durée, on était pauvre, heureuse avec pas grand chose et on
croyait encore à l’amour ;
3)
Depuis, soit on est passé par le pays des
bisounours et on est emplis d’attentes que jamais personne ne pourra combler (à
part Hugh Jackman mais il paraît que ce n’est pas une option ). Soit on
est passé par tellement de mecs en bois, qu’on y croit simplement plus et que
la simple perspective de se battre encore pour y arriver nous épuise et nous
cloue au lit (ou pire, on oscille entre les deux en fonction de la couleur du
ciel ou du nombre d’heures qu’on a dormi).
La seconde branche c’est souvent
les exemples de couple autour de soit, mais encore une fois :
1)
Soit depuis votre dernier mec, eux ont eu le
temps de s’aimer, de se marier, de se faire 3 beaux enfants, de s’engueler, de
se déchirer, de se séparer avec perte et fracas…
2)
Soit ils sont si parfaits que vous êtes incapables
de comprendre comment ils fonctionnent. Vous pouvez juste les admirer en
silence, la bouche ouverte, un filet de bave coulant de votre sourire béat.
Donc on se dépatouille toute
seule. Et il faut bien admettre qu’on fait n’importe quoi.
On s’énerve pour un rien. On se
prend la tête pour une broutille. On fait tout l’inverse de ce qu’on
prêche pourtant au quotidien. On met les pieds dans le plat et on pose les
mauvaises questions. On garde toute notre rancœur en nous au lieu de parler
simplement des choses. On se fait par contre un point d’honneur à se plaindre
en long, en large et en travers à ses copines. On oublie de se mettre à sa
place à lui. On insiste ou on laisse pisser mais toujours au mauvais moment…
Et puis, quand on a beaucoup,
beaucoup, beaucoup de chance, on tombe sur un homme qui comprend tout ça, qui
s’en amuse et qui arrive à désarmorcer la bombe humaine à retardement qu’on
devient au fil des jours par une blague, un sourire, un baiser tendre.
Lui aussi a perdu le fameux mode
d’emploi, mais il a bizarrement trouvé le votre.
C'est très joliment dit :)
RépondreSupprimerJ'attends cette chance, alors...