Dans la vie, il est des
frontières qu’il est clair qu’il ne faut pas franchir si on ne veut pas nuire à
sa santé qu’elle soit morale ou physique : « Cette petite ligne de
coke, je vais l’éviter, c’est mieux ».
Et il y a des choses que l’on
peut faire librement, qui apportent de toutes façons plus que le risque
qu’elles vous font courir : « Pour cette place de parking, je vais
faire comme si je n’avais pas vu l’horodateur ».
Par contre, en matière de
relations humaines en général et amoureuses en particulier, la frontière est
très souvent beaucoup plus fine : à quel moment est ce que cet homme
devient plus mauvais que bon pour soi ? Quand passe-t-on de la célibataire
ouverte et pro-active à la dragueuse en série ? A partir d’où se transforme-t-on
en une véritable chieuse (pour dire les choses clairement) ?
Quand je refuse un café au
dixième bad boy qui me le propose : est-ce judicieux d’éviter ce piège ou
est-ce que c’est juste que j’estime être trop bien pour lui ?
Quand je fais une scène à mon mec
à cause de cette fille qu’il a regardé un peu trop longtemps : est ce que
je suis trop suspicieuse ou est ce la force de l’expérience qui me force à
reconnaître des situations que j’ai déjà vécu et que je souhaite (si possible)
éviter ?
Pour résumer : à quel moment
s’arrête notre instinct de conversation (qui a largement été mis à mal par des
années des mecs en bois, et qui s’avère nécessaire voir vital dans de
nombreuses situations) et quand commencent les exigences de princesse ?
D’un côté, les aléas de la vie et
les expériences que l’on fait nous poussent au mieux à apprendre de nos erreurs
et au pire à se protéger à tout prix. Et on en vient souvent à essayer de ne
pas être complètement bête et à chercher à rester en vie, ou au moins en un
seul morceau (règle qui s’applique à notre corps et à notre cœur).
De l’autre côté, quand on passe
cette barrière, il y a rarement un gyrophare qui clignote pour annoncer la
sortie de route. Pas d’alarme bruyante et désagréable pour nous remettre sur le
droit chemin. Zéro odeur de gaz annonçant la catastrophe.
On se rend généralement trop tard
compte qu’on a été trop loin, qu’on a été trop exigeante, trop agressive, trop
dure, trop chiante.
Comme si la vie n’était déjà pas
assez compliquée comme ça, on doit donc faire appel à des qualités
d’équilibriste. On avance pas à pas sur une corde tendue au-dessus d’un
précipice et on oscille d’un côté et de l’autre, sachant pertinemment que ce
que l’on recherche, et ce dont on a vraiment besoin, c’est l’équilibre parfait.
Heureusement, quelques fois le
précipice est en fait d’une hauteur de quelques centimètres seulement et au
moment où l’on se rend compte qu’on a pas de sentiment pour l’autre, on réalise
aussi qu’un seul pas nous ramène à la terre ferme.
D’autres fois on prend plus de
risques, mais on est assuré, rattaché au câble par un harnais parce qu’on a
pris soin d’avancer doucement dans cette relation.
Et puis parfois, c’est la
consécration : on maîtrise tellement notre art que le tutu devient une deuxième
peau, qu’une ombrelle a poussé au bout de notre main et que le cirque Gruss
veut nous embaucher.
Parce qu’on est bien dans ses baskets en tant que
célibataire ou qu’on a trouvé la bonne personne avec qui partager sa vie, on
avance fièrement et simplement sur ce fil sans se poser de question car c’est
devenu naturel, tout simplement.