Ceci n'est pas un blog de recettes de cuisine.

Ceci est un blog parlant de (nombreuses) rencontres amoureuses et des divers (et nombreux eux-aussi) états d'âmes qui y sont liés.

Comment un plat de pâtes et une recette traditionnelle italienne peuvent avoir un rapport avec ma vie amoureuse (et sexuelle) ? Et pourtant, non seulement cela a un rapport mais en plus c’est représentatif, vous allez comprendre… au fur et à mesure des récits et des états d'âmes.

mardi 15 janvier 2013

Les doubles méfaits des filles en chiffons


J’ai écrit il y a quelques semaines un texte intitulé Les doubles méfaits des mecs en bois. Devant les remarques de plusieurs de mes amis (masculins) et par souci d’équité et d’égalité, je m’essaye aujourd’hui à un exercice de style un peu différent et tente de me mettre à la place de la gente masculine en modifiant mon texte de base très légèrement.
Prière de me pardonner pour les suppositions et extrapolations en tout genre … J’essaye de rendre justice mais ne suis pas une experte ;)

Pour commencer, petite définition : qu’est ce qu’une fille en chiffons ? Ou plutôt, qu’est ce qu’une fille en soie (douce mais difficile à entretenir, coûteuse et qui glisse entre les doigts) / en laine (chaude mais qui irrite) / en dentelle (sexy mais à prendre mais précaution de peur de la casser) / en polaire (résistante et qui n’a apparemment besoin de personne) ?

Il n’existe pas de fille en chiffons « type » et l’expérience pousse à conclure que la princesse de l’un peut en fait être la fille en chiffons de l’autre. Elle est donc plutôt difficile à décrire de manière générale la fille en question, mais on peut en revanche facilement donner des exemples. Et là, je suis sûre qu’un certain nombre de personne se reconnaîtra :

La fille en chiffons, peut (dans le désordre et sans préférence) : vous faire tourner en bourrique pensant des heures, des jours, des semaines voire des mois en vous faisant miroiter ce qu’elle ne pense en réalité jamais vous accorder ; vous parler de faire des enfants au bout du deuxième rendez-vous et vous faire rencontrer sa mère (à laquelle elle ressemble étrangement d’ailleurs) au bout de deux semaines ; vous faire une crise de jalousie monstre en plein milieu de la rue parce que vous avez eu le malheur de répondre au texto de votre copine de fac ; vous harceler de dizaines de messages par jour pour vous demander si vous l’aimez …

Je continue la liste ? Non ? Pas la peine ? Il me semblait bien que vous alliez comprendre le concept assez rapidement.

En plus du grotesque de la situation (si on veut prendre les choses avec dérision), il faut souvent constater qu’avant d’en venir à ces extrêmes (en eux-mêmes déjà condamnables), la fille en chiffons en a auparavant fait en sorte que vous vous attachiez un peu. Elle a en général sorti le grand jeu pour vous séduire, a été charmante et particulièrement attirante au début ; vous a fait sentir le plus beau, le plus fort ; vous a fait croire à la possibilité d’être bien en couple …

Bref, elle vous a fait sortir de son bel emballage (ou de sa carapace) votre cœur et vous a même peut-être donné envie de lui confier. Et parce que vous aviez envie d’y croire, vous l’avez fait.
Mais la fille en chiffons n’a que faire de votre cœur. Par ses actes, elle le laisse tomber par terre. Et il gît alors à ses pieds, sans qu’elle se soucie de le voir traîner là, rarement intact.
Très souvent même, parce que vous êtes abasourdi par la surprise ou la tristesse, vous ne le ramassez pas assez vite ce cœur (pourtant fragile) et la fille en chiffons en profite pour piétiner les quelques morceaux encore viables avec ses beaux talons aiguilles.

Une fois le choc passé, vous ramassez les morceaux et rentrez chez vous. (…)
La douleur passe mais une constante se dessine : vous remballez votre cœur dans son emballage d’origine et le rangez là d’où vous pensez qu’il n’aurait jamais du sortir : du plus profond de vous-même.
Et puis le temps passe et vous essayez de ne plus penser aux chiffons, à la soie, à la laine, à la dentelle, à la polaire. Vous essayez même de les éviter soigneusement, ces déclinaisons de tissus. Vous devenez expert et fuyez tout ce qui peut causer des réactions allergique à votre peau sensible. Vous tentez de trouver des femmes, des vraies : en chair, en os, en honnêteté, en simplicité, en  maturité.

Et puis, quelques fois, vous en trouvez. Ou plutôt vous en trouvez une (une c’est déjà pas mal par les temps qui court). Une qui a l’air bien, vraiment bien. Elle est gentille, attentionnée. Elle dit simplement ce qu’elle veut et ne se comporte pas en princesse.

Mais la fille en chiffons rode toujours.
Elle n’est pas là. Elle n’est plus là. Par contre ses actes, eux, sont toujours présents. Un passé de rencontres de chiffons, de soie, de laine, de dentelle, de polaire, ça ne s’efface pas comme ça.

Au-delà de briser les cœurs, les filles en chiffons créent des hommes peureux, qui hésitent à prendre les devants de peur de se faire rabrouer à la première invitation à dîner.
Elles créent des hommes rustres, peu prêts à faire (encore) des efforts de galanterie à force de voir le peu de cas que l’on fait de leurs actions.
Elles créent des hommes trop précautionneux, trop habitués à prendre des pincettes pour parler à des princesses mal lunées.
Elles créent des hommes peu enclins à se livrer vraiment car ils ont trop souvent confié leurs sentiments à des femmes qui n’en avaient que faire.

La fille en chiffons rend la vie de tout le monde plus compliquée : celle de la femme bien qui a parfois du mal à comprendre le fonctionnement de ces hommes échaudés et blasés et celle des hommes qui doivent réapprendre à faire confiance et doivent considérer la possibilité de sortir à nouveau leur cœur de leur étagère intérieure fermée à double tour…

…Voilà, finalement, il faut peu de choses pour changer de point de vue et il est facile de réaliser que qu’on soit une homme ou une femme, quand  on cherche l’âme sœur, on s’arrête rarement à la première étape des échecs en amour et on explore en général l’intégralité de la gamme (qu’elle soit en bois ou en chiffons), juste pour être sûr.
Ni les hommes ni les femmes n’ont l’apanage du brisage de cœur et du comportement à deux balles. Au moins, nous sommes tous égaux devant ça !

lundi 7 janvier 2013

Un petit cadeau pour la nouvelle année

Juste pour le plaisir et parce que j'ai trouvé ce texte magnifique :

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi - Katherine Pancol

(...)
Puis Gary se pencha sur Hortense et la contempla sans rien dire. Ses yeux bruns semblaient habités par un rêve primitif, ombrés d'une lueur sauvage. Ce serait si plaisant de vivre cachés sous des manteaux, à l'abri, on mangerait des cookies et on boirait des cafés avec une longue paille, on ne serait plus jamais obligés de se mettre debout et de courir partout comme le lapin d'Alice au pays des merveilles. Jamais pu l'encadrer ce Rabbit à la montre en perpétuelle érection. Je voudrais passer ma vie à écouter Glenn Goud en embrassant Hortense Cortès, en caressant les cheveux d'Hortense Cortès, en respirant chaque fleur de la peau d'Hortense Cortès, en inventant pour elle des accords, mi-fa-sol-la-si-do et en les lui chantant dans l'ourlet de l'oreille.
Je voudrais, je voudrais...
Il ferma les yeux et embrassa Hortense Cortès.

C'est donc cela un baiser ! s'étonna Hortense Cortès. Cette brûlure suave qui donne envie de se jeter sur l'autre, de l'aspirer, de le lécher, de le renverser, de s'enfoncer en lui, de disparaître...
De se dissoudre dans un lac profond, de laisser flotter sa bouche, ses lèvres, ses cheveux, sa nuque...
Perdre la mémoire.
Devenir boule de caramel, se laisser gouter du bout de la langue.
Et goûter l'autre en inventant le sel et les épices, l'ambre et le cumin, le cuir et le santal.
C'est donc cela.
Jusqu'à maintenant, elle n'avait embrassé que des garçons qui l'indifféraient. Elle embrassait utile, elle embrassait mondain, elle embrassait en repoussant une boucle de cheveux élastique et en regardant par-dessus l'épaule de son prochain. Elle embrassait en toute lucidité, s'indignant d'une meurtrissure des dents, d'une langue cannibale, d'une salive baveuse. Il lui était arrivé aussi d'embrasser par désoeuvrement, par jeu, parce qu'il pleuvait dehors ou que les fenêtres avaient des petits carreaux qu'elle n'avait pas fini de compter. Ou, souvenir qui l'embarrassait, pour obtenir d'une homme un sac Prada ou un petit haut Chloé. (...)
Elle revint à la bouche de Gary et soupira.
Ainsi il arrive qu'un baiser procure du plaisir...
Un plaisir qui se faufile dans le corps, jette des petites flammes, allume mille frissons dans des endroits qu'elle n'aurait jamais soupçonnés être inflammables.
Jusque sous les dents...
Le plaisir... Quel délice !
Aussitôt, elle nota qu'elle fallait se méfier du plaisir.