Il y a des mots qui sortent
facilement de notre bouche. Souvent même trop facilement.
« Tu me fais ch… »,
« Vas te faire f… », « Je te
déteste… » et j’en passe.
Ils sont rarement une expression
honnête, réaliste et durable de notre pensée. Ces mots-là sont souvent plutôt
un cri qu’on ne peut pas garder en nous et sont tellement impulsifs qu’ils
ont besoin de sortir là, maintenant, sans réfléchir une seconde plus. Et
pourtant cette seconde serait souvent plus que nécessaire.
Et puis il y a des mots qui
préfèrent bizarrement se terrer en nous, rester dans leur cocoon bien chaud,
bien douillet alors qu’eux seraient plus confortables et plus utiles à
l’extérieur.
« Tu es tellement beau dans
ce costume… », « J’apprécie vraiment ta compagnie… », « Je
suis contente que tu sois là avec moi… ».
Ils feraient beaucoup plus de
bien autour d’eux et de nous-même. Pourtant il est tellement plus difficile de
faire un compliment qu’un reproche.
On pourrait disserter sur le
besoin de l’être humain de faire du mal à autrui et son apparente incapacité
naturelle à faire le bien autour de lui. Ou parler de cette incapacité à
verbaliser ce que l’on ressent et qui rend l’ensemble de nos relations
tellement plus difficile à vivre au jour le jour. Mais ce n’est pas le sujet du
jour.
Car c’est une autre catégorie de
mots qui m’intéresse. Une que personnellement j’ai encore plus de mal à sortir car,
si je gère tant bien que
mal les deux premières catégories, j’avoue mon inéxpertise pour la dernière.
Ces mots-là sont encrés en moi
encore plus profondément, au centre de moi-même. Non seulement ils se sont créés
un nid douillet mais en plus ils se sont assurés qu’ils soient difficilement expulsables.
Leur habitat naturel est superglué à mes entrailles comme pour s’assurer qu’ils
n'en sortent pas trop souvent. Ni trop facilement d’ailleurs.
Et ça fonctionne. Avant de les
prononcer, je me pose beaucoup de questions. Même quand ils font une apparition
surprise et se pointent au bord de mes lèvres, un soir, au détour d’une rue ou lors
d’un rayon de soleil pendant une promenade, un énorme élastique géant les
ramène là d’où ils viennent.
Ils sont tellement bien installés
et font tellement corps avec qui je suis que j’ai de toutes façons des scrupules
à les prononcer à la va-vite.
Je cherche et attend le bon moment pour les
laisser prendre toute leur ampleur.
Ce moment qui fera qu’ils
raisonneront avec la bonne intensité, qu’ils ne seront pas prononcés en vain et
qu’ils prendront toute leur valeur pour moi et pour la personne qui
les entendra.
Ils sont pourtant l’expression
même d’une émotion positive. Ils ne sont pourtant pas nombreux, ce qui pourrait
me porter à penser que la tâche soit plus facile à accomplir.
3 mots ce n’est rien. 3 petits
mots. 3 tout petits mots, mais qui contiennent toutes mes tripes puisque c’est
là qu’ils habitent :
Je t’aime.
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