« Un plat de pâtes à la carbonara SVP, ah non, tenez,
mettez en plutôt deux… »
Phil s’appelle en fait pour moi Phil – Petit car il a été
suivi de près par un autre Phil (sinon cela aurait été trop simple !) qui
est lui-même devenu Phil Grand.
Phil – Petit donc, est un homme intelligent, qui
s’intéresse à beaucoup de choses, qui est ouvert au sport, à la musique, à
la politique, aux arts, plutôt mignon et un peu anti-conformisme (important
l’anti-conformisme pour ne pas avoir l’impression de faire partie du
troupeau !).
Cela étant dit, Phil était aussi paumé dans sa vie qu’il
était ouvert au monde et si tout était une opportunité, il en venait à se
perdre dans ce monde de possibilités et n’avançait pas beaucoup.
Phil est quelqu’un de bien, il était juste un (très) mauvais
choix pour moi. J’avais déjà fait une fois un mauvais choix de ce type (assez
bizarrement avec un homme qui était à peu près l’opposé de Phil, quelqu’un
d’hyper décidé avec une vie toute tracée).
J’ai profité un moment de ce que Phil et notre rencontre
avaient à offrir : les doux moments d’extase des premiers jours d’une
relation ou on profite de la tendresse (et du sexe !). Quand la personne avec qui on est alors est quelqu’un comme Phil
- Petit, la découverte d’un monde
inconnu rend les choses d’autant plus intéressantes : des quartiers de
Marseille dans lesquels on osait pas forcément s’aventurer jusque là, un homme
qui vient passer la soirée chez vous et vient avec sa guitare pour que vous
puissiez chanter ensemble, une pièce de théâtre de Shakespeare dans une petite
salle de quartier, un jour férié entier passé au lit, un plat de poisson
cuisiné en rentrant le soir après une soirée de travail (avec en prime un beau
couteau tout neuf qui a pour gros avantage de couper, lui – en comparaison avec
tous les couteaux peuplant déjà dans mes tiroirs !), …
Cela dit, j’ai vite ressenti avec Phil le sentiment
d’étouffement qu’on ressent quand on sait qu’on va dans la mauvaise direction
et qu’on se perd à suivre ce chemin-là. Ce sentiment a été renforcé dans lors
d’une soirée avec des amis, un ami proche est venu me voir discrètement en me
disant : « Phil n’est pas ce que j’imaginais pour toi, mais je suis
content pour toi quand même! ». Et oui, ça fait cet effet-là quand
vos amis ne vous ont jamais vu en couple, ils sont prêts à toutes les
concessions !
Cela dit, ce qui est intéressant dans cette histoire avec
Phil est, une fois n’est pas coutume, non pas la fin de l’histoire, mais le
début (je vous laisserais donc imaginer la fin pour une fois).
J’ai rencontré Phil - Petit sur un site internet, nous
avons déjeuner ensemble une fois et le moment fut agréable et donc suivi d’un
deuxième rendez-vous dans un salon de thé indien. Le début de soirée s’était
bien passé et une fois le thé bu, Phil m’a proposé de continuer la soirée en
dînant ensemble.
C’était un de ces dimanches soirs noirs, froids et brumeux
de novembre et une fois dans la rue devant le salon de thé, il me fallu donc
quelques secondes de réflexion avant de pouvoir jeter mon dévolu sur un
restaurant (n’ayant, assez bizarrement, jamais rencontré d’hommes habitant ou
originaires de ma ville, j’ai très – trop – souvent été responsable de choisir
le bar ou restaurant).
Pour une fois, il faut croire que je n’avais pas été assez
rapide, car Phil m’a regardé avec un sourire franc et honnête et m’a dit, tout
simplement (enfin, ça c’est ce qu’il croyait !) : « sinon, on va
chez toi et on fait des pâtes à la Carbonara ».
Et voilà, comme ça, tout simplement, avec un air presque
innocent, et seulement deux mois après Fabien, il venait de transformer une
recette italienne en une expression qui allait marquer et caractériser un
certain nombre de mes rencontres futures.
Un code (presque) secret, une blague perpétuelle avec mes
amis (au point que pour mes 30 ans, j’ai reçu en cadeau un livre de recettes de
pâtes customisé par leurs soins : « pour varier les plaisirs ») et le titre évident de ce blog donc.
En une phrase pourtant simplissime, Phil - Petit a en
quelque sorte boulversé ma vie, en marquant d’un fer blanc le début d’une
période de ma vie. Il y avait avant et après JC et maintenant il y a avant et
après PALC.
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