J’ai longtemps été très timide et
il était hors de question pour moi de draguer, de faire le premier pas. Il a
fallu que je change de pays, d’habitat naturel en quelque sorte, pour que cela
change et que je devienne une de ces femmes qui osent.
Au Québec, ce sont les femmes qui
draguent et même, d’une manière générale, elles qui portent la culotte. La
révolution sexuelle ne leur a pas donné l’égalité mais a carrément renversé les
rôles. Cette vision des choses est peut-être un peu poussée, mais un constat
reste : c’est là-bas que j’ai osé en premier.
Je me suis longtemps dit que
j’aurai mieux fait de m’abstenir (pas forcément de cette fois-là mais de toutes
celles qui ont suivi), les hommes que je draguais (plutôt que l’inverse) ne
menant jamais à quoique ce soit de sérieux ou de viable. Mais il semblerait
qu’il en aille de la drague comme de n’importe quelle addiction, une fois qu’on
a commencé, il est très difficile d’arrêter. Pas surprenant que les hommes
aient gardé ce secret pendant si longtemps !
Quoi qu’il en soit… Melvin était
assistant chargé de l’un des cours que je suivais. Il avait donné son cours
sous forme de quiz et ce dernier était criblé de citations plus ou moins
connues.
Je ne me souviens pas s’il s’est
passé quelque chose de particulier ce jour-là, si des regards avaient été
échangés ou si une quelconque attirance sexuelle était présente, mais quelques
temps après le cours, j’ai pris mon courage à deux mains et lui ai envoyé un
email qui contenait une de mes citation préférée : « ce n’est pas
parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison » (pour ceux que
cela peut intéresser, la citation est de Coluche).
Et non, je n’arrive pas à me
souvenir non plus de quelle excuse complètement improbable j’avais trouvé comme
support à mon premier acte de bravoure (et d’auto-mutilation future)… mais ça
n’intéresse de toute façon personne, si ?
En y repensant, ce n’était rien
et je suis obligée d’avouer aujourd’hui que j’ai été plus entreprenante à de
nombreuses occasions depuis. Mais pour la « moi » de l’époque c’était
un grand pas et malheureusement le premier d’une longue liste de semi-râteaux
(voir de râteaux complets !).
Semi car cet email a eu une
réponse, qui a mené à un échange d’emails qui ont menés à des cafés…
Qui n’ont menés nul part si ce
n’est à ce que je déteste le plus dans les rencontres : la technique du
« je fais le mort ».
Plus de nouvelles, pas de
réponses aux emails ou messages. Plus de sourires mais des gens qui vous
ignorent dans les couloirs au lieu de ne serait-ce que dessiner un sourire poli
(ou plutôt un semi-sourire pour aller avec le semi-râteau).
Vous avez bien compris : une
longue succession d’hommes qui manquent de courage, pour ne pas dire de c…
OK, OK, la longue succession
d’hommes est souvent suivie d’une longue succession de femmes, mais là,
bizarrement ce n’est pas le sujet du jour…
Qu’est ce qui fait qu’après une
rencontre, quand on a pas envie de revoir la personne, on ne lui dise pas
ouvertement ce qui cloche ou ce qui manque et qu’on ait pas le courage de lui
dire qu’on ne souhaite pas aller plus loin ?
Je suis malheureusement dans l’obligation
de m’inclure dans ce « on » collectif (pour commencer la longue
lignée de femmes) car cette technique que je considère plus bas que terre, je
l’ai aussi pratiqué à 1 ou 2 occasions (on est tous les « salops »
d’un autre).
Je pense donc comprendre une des
raisons du silence radio : quand on sent clairement que la personne en
face a plus d’attirance ou d’attentes, un malaise se crée et on a peur de
heurter la personne.
Ca ou le manque de c… (je vous
laisse libre arbitre).
Une discussion franche et directe
vaut toujours mieux qu’une disparition soudaine de la surface de la terre. Un
email ou un texto fait même en l’occurrence l’affaire et pourtant je ne suis
pas partisane de ces techniques, faute d’en avoir fait les frais.
Plus on attend pour crever
l’abcès, plus la personne en face a de temps pour se poser des questions. De se
créer des scénarios hallucinants (et ne me dites pas que vous n’en faites pas
partie car qui n’a jamais imaginé que sa « cible » n’avait pas appelé
car il avait eu un accident de voiture ou à cause de sa grand-mère malade ?).
En discutant de ce sujet avec un
homme ayant beaucoup d’ « expérience » dans les rencontres, j’ai
réalisé que cette situation était plus facile à régler que ce que je pensais.
Cet « expert » m’a donné sa formule magique à employer et je m’en
sers maintenant dès que la situation le requiert en ayant une pensée émue pour
cette petite phrase (et son propriétaire d’origine).
Cet abracadabra des temps
modernes (d’une simplicité inouïe et surtout d’une efficacité prouvée) est fin
et distingué mais suffisamment clair et honnête… et restera donc un secret (vous y avez cru ?).
Je me trouve presque dans la peau
d’une « serial loveuse » quand je prononce ou écrit ses quelques mots
et j’ai l’impression que les rôles s’inversent.
Mais la phrase reste utile quand on est dans l'obligation d'administrer un râteau, qu'il soit semi ou complet.
Mais la phrase reste utile quand on est dans l'obligation d'administrer un râteau, qu'il soit semi ou complet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire