Extrait d’une conversation en
soirée – apparemment anodine – entre plusieurs trentenaires :
Homme 1 (divorcé mais présent à
la soirée avec sa petite amie et sa fille) s’adressant à Homme 2 :
« Et toi, tu es divorcé ? »
Homme 2 : « Non. »
Homme 1 : « Et tu as
quel âge ? »
Homme 2 : « 39 ans. »
Homme 1 : « Ah,
heureusement tu n’es pas une femme. »
Petite Amie de l’Homme 1 :
« Oui, si c’était le cas, il serait déjà allé en Espagne pour se faire
inséminer. »
Euh…
Quoi ???
STOP !!!
Je trouve tellement de choses à
redire de cette conversation dont j’ai été témoin hier qu’une explication de
texte s’impose.
Première constatation : vous
remarquerez comme il est facile, commun et presque normal de nos jours de
demander des compléments d’information (pour dire ça poliment) aux personnes
ayant entre 30 et 40 ans et n’étant clairement pas en couple. Je pensais que
c’était réservé aux femmes, mais la soirée d’hier m’a prouvé le contraire.
Deuxième constatation : tout
le monde semble d’accord pour convenir du fait qu’une femme a forcément une
envie déchirante d’enfant, à tel point que si elle ne trouve pas d’âme sœur (ou
de géniteur au hasard dans un bar), elle devra avoir recours à la science
moderne pour assouvir son instinct ancestral et mettre bas. Les généralités
vont bon train…
Dernière constatation, celle qui
fait le plus mal : d’où vient cette idée de date limite
d’expiration ? Et qui, en plus, semble bénéficier d’un double traitement
homme / femme.
On pourrait penser que le fait
d’appliquer des dates limites de consommation sur des milliers de pots de
yaourt et boîtes de conserve sortant des usines modernes chaque jour, nous
éviterait de continuer à perpétrer cette tradition datant du Moyen-Âge (ou
d’avant d’ailleurs) qui voulait qu’une pucelle de 15 ans non mariée était
destinée à périr (et pourrir) chez ses parents (même si la date limite a
apparemment évolué de 15 vers 30 ans, et que la célibataire a le bonheur (ou la
malchance) de maintenant habiter seule, le concept reste cruellement le même).
Quand j’ai fait remarqué à Homme
1 que toutes les femmes ne souhaitaient pas d’enfants, il avait l’air surpris
que le sujet dérive vers ce sujet. Mais si la date limite n’est pas imposée par
le fait de concevoir des enfants (et je comprends tout à fait que l’horloge
biologique puisse mettre des sueurs froides à de nombreuses personnes), par
quoi cette règle est-elle dictée ?
Ou est-ce seulement une
généralité concernant les femmes : si elles ont passé l’âge d’avoir des
enfants, c’est qu’elles ont aussi passé l’âge du « reste » et ne sont
donc plus intéressantes ?
D’une manière générale, cette
conversation est un exemple criant de ce que je constate plus que régulièrement
autour de moi : même si nous vivons dans un monde pseudo évolué et
supposément moderne, dans lequel tout le monde prétend être ouvert d’esprit, le
fait de ne pas rentrer dans les cases prévues à cet effet (comprendre :
marié entre 25 et 30 ans, premier enfant dans les 2 années qui suivent et achat
d’une belle maison avec jardin afin de pouvoir y caser le labrador ou le golden
retriever) est toujours aussi mal vécu et le commun des mortels se fait un
plaisir de porter un jugement. Et d’appuyer là où ça fait mal.
Et ce jugement provient aussi
bien des hommes que des femmes, même s’il prend souvent une autre forme.
Les hommes sont souvent curieux
et dubitatifs. J’ai décidé à la longue de le prendre comme un compliment :
je suis mignonne et intelligente, c’est donc bizarre que je sois célibataire
(oui, j’extrapole, mais je prends le positif dans cette situation souvent inconfortable).
Et vient alors leur conclusion que je prends en général beaucoup moins
bien : « c’est que tu dois être trop difficile ». (Grrrr mais
passons….)
Si on part du même constat avec
les femmes (elles aussi sont bien obligées de reconnaître que je ne suis ni laide
ni complètement bête. Et oui, je continue à extrapoler sans complexe !),
la conclusion est différente : « elle est célibataire alors qu’elle
pourrait clairement être en couple, c’est une mangeuse d’homme, vite où est le
mien, que je lui montre bien qu’il est pris ».
(Dans des cas plus rares cela
dit, c’est un autre sentiment qui pointe le bout de son nez et que je
supporte encore moins bien que les autres : la pitié. « Oh mon Dieu,
elle est célibataire : comme ce doit être horrible de vivre seule et quel
fardeau elle doit porter en pensant qu’elle ne trouvera jamais personne ».
Rien que d’y penser une légère nausée me vient…)
Remise de mon haut-le-coeur, je
constate que la célibataire doit montrer patte blanche : prouver qu’elle
n’est ni une chieuse, ni une croqueuse d’homme sans vergogne. Elle se doit de
répondre à des questions nombreuses et personnelles et le contenu de ces
conversations à priori banales dépassent souvent le cadre d’un premier échange
avec une personne nouvellement rencontrée.
Pour répondre à la fameuse
question : « et toi, tu as quelqu’un ? », je n’ai pas
encore osé utiliser le « non, pas cette semaine » suggéré par
un ami dans une situation similaire (fraîchement séparé à qui on demande souvent
où est la maman de son fils). Il reste encore une once de civilité en moi …
(maintenant une once ça ne pèse vraiment pas lourd, les stocks s’épuisent).
Même si j’aspire à partager ma
vie (ou des bouts de vie) avec quelqu’un, j’assume dans l’ensemble le fait
d’être célibataire. J’assume clairement le fait de ne pas vouloir (ou de ne pas
ressentir le besoin) de rentrer dans des schémas pré-établis. Je me fais même
une fierté d’oser mes poser des questions et de ne pas suivre le chemin
communément emprunté par la masse. Devant mes amis proches, j’accepte de parler
de mes histoires passées de manière assez franche et honnête.
Bref, je suis célibataire et même
si ce n’est pas toujours facile, je préfère 100 fois cela au fait d’être avec
la mauvaise personne par manque de discernement ou de courage.
Je suis seule, OK, mais je ne
suis ni désespérée ni aigrie. Dans la plupart des cas, mes hormones ne me
poussent ni à me jeter sur le premier homme qui passe, ni à pleurer sur les
épaules faussement compatissantes d’inconnu(e)s.
Je suis bien dans mes baskets et je réalise qu'il y a du bon dans chaque situation. Il n'y a pas de date d'expiration tatouée dans mon dos tout simplement car je ne sens pas mon lait tourner.
Je suis clairement une espèce en voie de disparition mais je suis encore plus que bonne à la consommation.
Je suis clairement une espèce en voie de disparition mais je suis encore plus que bonne à la consommation.
génial!
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